Championnat de la Francophonie 2019 de parties rapides

Menton (France)

C’est dans le cadre du magnifique salon de Grande Bretagne de son Palais de l’Europe que la ville de Menton accueillait cette année la sixième édition du championnat de parties rapides de la Francophonie.

Le club d’échecs de Menton et l’Association Internationale des Échecs Francophones avaient en effet conclu un partenariat afin d’accoler en 2019 ce championnat à la dix-huitième édition du traditionnel open de la ville de Menton qui a lieu annuellement la première semaine des congés scolaires de la Toussaint.

La compétition était ouverte à tous, mais seuls les joueurs possédant un code FIDE d’un des pays membres de l’AIDEF pouvaient prétendre au titre et aux prix.

Ce sont donc 109 joueurs, dont 8 grand maîtres, issus de 10 pays différents qui ont pris part à cette manifestation qui s’est déroulée pendant le week-end des 26 & 27 octobre.

Treize rondes au système suisse à la cadence de 15 minutes + 10 secondes par coup étaient au programme de ce tournoi doté de 5.000 euros de prix.

La proximité géographique avait attiré de nombreux Italiens et c’est l’un d’entre eux, le grand maître Sabino Brunello (2716), qui a remporté en solo le titre en réalisant un score impressionnant de 11 points sur 13, avec une performance à 2652 ELO. Les grand maîtres français Sébastien Mazé (10,5 points) et italien Michele Godena (10 points) complétèrent le podium.

De l’avis unanime des participants, les excellentes conditions de jeu, le professionnalisme du responsable de l’organisation Serge Cairo et la compétence reconnue des arbitres internationaux Jean Dominique Coqueraut et Claire Pernoud ont fait de cette manifestation une belle réussite qui s’est terminée dans la bonne humeur par un apéro-cocktail offert par la municipalité.

Les trophées des parties rapides remis aux différents vainqueurs cette année sont des pièces uniques imaginées par l’artiste Térésa Spina, modéliste en céramique et enseignante à l’École d’Art Plastique de Menton. Elle les a imaginé tels des pièces d’échecs en leur donnant une forme originale tout en respectant les couleurs.

Palmarès du tournoi :
2014 : IM Richard Pile (France) à Saint-Laurent du Var - France
2015 : GMI François Fargère (France) à Montréal - Québec
2016 : GMI Christian Bauer (France) à Genève - Suisse
2017 : GMI Erald Dervishi (Albanie) à Yasmine Hammamet – Tunisie
2018 : GMI Maxime Lagarde (France) à Cannes – France
2019 : GMI Sabino Brunello (Italie) à Menton - France

Les Italiens francophones !

On peut effectivement légitimement se demander comment il se fait qu’un joueur italien puisse remporter le championnat de la Francophonie.

La raison en est que dans la région autonome Vallée d’Aoste, le bilinguisme Italien-Français est officiel, le Comité Valdôtain d’échecs, présidé par Agostino Scalfi, est un des membres fondateurs de l’AIDEF.

Quoi de plus normal lorsqu’on sait que c’est à Aoste qu’est rédigé en 1532 le premier acte notarié en français, alors que Paris utilise encore le latin à cette époque. Dans le contexte des États de Savoie, les procès-verbaux officiels de l’Assemblée des États puis du Conseil des Commis passent du latin au français dès 1536, soit trois ans avant qu’en France même, l’ordonnance de Villers-Cotterêts impose d’écrire tous les actes publics en « langue maternelle française »

Dans les premières décennies qui suivent l’unification, l’Italie, toute repliée sur elle-même, manifeste une sorte de crispation identitaire qui semble l’éloigner de tout parcours d’ouverture à l’autre. Cependant, les manuels italiens pour l’enseignement du français du début du XXe siècle nous font assister à un phénomène singulier : la France fournit souvent des modèles pour la construction de l’identité italienne. La solidarité entre les deux nations se met en place, les sœurs latines renouent le lien interrompu par des siècles d’histoires divergentes. Les manuels de français du début du XXe siècle nous parlent en effet de la quête d’une identité commune entre la France et l’Italie : c’est au nom d’une même origine latine qu’on établit le parallèle entre les deux nations, leur géographie, leur histoire, leur politique, leur culture. L’Italie, à la recherche de modèles au moment de sa naissance en tant que nation, s’adresse de préférence à sa voisine. La France devient alors quelquefois un modèle d’inspiration identitaire.

Posté le 23 décembre 2019 par Patrick Van Hoolandt